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La comtesse, les petites habitantes du Château, et le Parc |
Cet ensemble de dessins, peintures et céramiques conçu pour le château de Ladoucette entre directement en résonance avec un temps volatilisé
La
comtesse, les petites habitantes du Château, et le Parc
L'exposition
s'inspire directement de l'histoire des dernières habitantes du
château de Ladoucette.
L'accès
aux archives photographiques de ce lieu chargé d'histoire, grâce à
madame Gaty*, m'a permis d'apprécier la grande richesse et l'intérêt
de ce lieu.
Les
photos ont fait remonter tout un monde de la fin du 19e siècle à
nos jours : d'abord l'histoire de la famille de Ladoucette, puis
l'école de jeunes filles qui a pris place dans le château...
Les
propriétaires du château, le baron et la baronne de Ladoucette ont
perdu leur fille unique Berthe à vingt ans, juste après son mariage
avec le comte de Mun. Cette mort tragique et mystérieuse reste
inexpliquée à ce jour: dépression grave, tuberculose...
Suite
à ce décès et sans descendants directs, la baronne de Ladoucette
se tournera vers les œuvres caritatives et le château deviendra:
Orphelinat, Asile, Logis, Maison de repos et de convalescence,
Patronage, et enfin une école ménagère jusque dans les années
2000. Des photos très belles et étranges, pour certaines placées
en regard des œuvres: rassemblement de jeunes filles pour des
activités de cours, des fêtes, processions, cérémonies, mais
aussi pour des activités du quotidien, magnifient des figures
aujourd'hui disparues, m'inspirant directement, afin de rendre
hommage à un passé ainsi exhumé et à ses habitantes disparues...
Les
robes semblent conserver encore un peu de la présence de celles qui
les ont portées: baronne, petites habitantes...
Par
le contact étroit entretenu avec les corps, elles en constituent
presque un double, une évocation, comme un symbole. Leur force tient
à ce que le souvenir de leur usage, dépasse leur simple fonction.
Le
souvenir d'une certaine image n'est que le regret d' un certain
instant.
Marcel
Proust
(A
la recherche du temps perdu, 1913)
Le
parc du château m'a inspiré une promenade le long d'un dessin où
les gibiers se font écho de l'origine farouche et fière de la
population primitive des forêts. La forêt et le gibier amènent
naturellement à évoquer la chasse, qui constitue la réalité du
vécu de ces grands animaux qui nous fascinent: en tuant
l'animal, le chasseur s'approprie les vertus de sa victime, il
récupère le massacre pour s'en faire un trophée.
La chasse était l'apanage de la noblesse.
Les
grands formats permettent d'évoluer dans l'espace et de valoriser
une réflexion sur la lumière, et ainsi tenter de décrire l'émotion
ressentie au sein de la nature enveloppante. Chaque trait déposé
s'inscrit et décrit la lumière en creux. Ces dessins n'existent que
grâce à la réserve du papier...
Ils
entourent le spectateur et le font pénétrer dans l’œuvre
elle-même.
Josée Le Roux,
juin 2017
*
Papyrus
drancéen